Démarche
Chorégraphier c’est sculpter l’atmosphère ; écrire l’espace entre les corps comme une matière, creuser l’air de nos présences, de nos mouvements, de nos densités variables. La chorégraphie opère en médiateur d’entre-les-mondes. Elle fait passer d’un langage à l’autre, d’un milieu à l’autre, d’une réalité à l’autre. Elle fait se rencontrer les corps, s’entrechoquer les présences.
Le mot « chorégraphie », à lui seul, met en friction les multiples dimensions de l’écriture - en tant que geste, signe et composition - avec les multiples dimensions de la choré – en tant que corps, chœur et khorâ, l’espace du rien, du néant.
Qu’il s’agisse d’une performance, d’une installation ou d’un livre, je les imagine sans hiérarchie. Ils sont tous des corps dansants dont les propriétés physiques se donnent à chorégraphier et à contempler, chaque fois, de manière spécifique.
Je conçois mon travail par constellation. Chaque création dialogue et gravite entre et autour de concepts qui se font écho. Chaque projet est une unité autant qu’une partie d’un ensemble plus vaste. Des formes imbriquées dans d’autres formes. Des mondes dans des mondes. Ils s’emboîtent comme des poupées russes.
Le corps humain, médium chorégraphique, interagit avec les corps non-humains pour transformer une substance, en écriture, en son, en danse, en souffle, en présence, en voix, en lumière. Le corps non-humain, outil, instrument, objet, agit en médiateur, en traducteur, entre invisible et visible, entre mutation et permanence, entre immatériel et matériel.